Pourquoi beaucoup d’étudiants ne finissent pas leurs Études

Article : Pourquoi beaucoup d’étudiants ne finissent pas leurs Études
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10 janvier 2020

Pourquoi beaucoup d’étudiants ne finissent pas leurs Études

Ils sont de plus en plus nombreux à embrasser le chemin de l’école chaque année avec comme objectif la licence, le master ou le doctorat pour les plus courageux. Quelque soit le niveau visé, finir les études est la convoitise de tous les étudiants mais surtout des parents qui trouvent l’occasion de pousser un oufff de soulagement. Selon des rapports officiels, 10 à 12 millions d’étudiants sortent du système éducatif chaque année, donc finissent leurs études et se présentent sur le marché de l’emploi.  Mais concrètement, que signifie finir ses études ?

En effet, à en croire le discours des responsables d’établissement, finir ses études est souvent assimilé à l’obtention d’un diplôme, la soutenance et le tout couronné par une cérémonie de graduation. Parents et étudiants ne sont pas d’un autre avis, par contre sur le marché de l’emploi finir ses études renvoie à une toute autre réalité. Face au recruteur, finir ses études revêt un autre sens non pas pour contredire ce dicton populaire qui dit qu’on ne fini jamais les études mais plutôt pour dire que chaque étude a une fin.

Faire ses études et finir ses études sont deux expressions sœurs qu’il semble impératif de mieux comprendre pour dissiper la confusion en vogue de nos jours. Pour finir ses études, naturellement il faut les avoir fait.  L’expression faire ses études est souvent employé pour dire qu’on acquière une connaissance dans un domaine donné. Le système éducatif hérité de la colonisation nous apprend deux choses sur l’expression faire ses études, donc sur l’acquisition de la connaissance :

1. Il faut un certain âge pour commencer à acquérir la connaissance : On le constate à travers l’âge pour un enfant d’aller à l’école, l’âge supposé pour avoir le bac, …. Etc

2. L’école est le seul garant de la connaissance : La création et la transmission du savoir sont donc du domaine exclusif de l’école. Il revient à l’école de transmettre la connaissance et de vérifier et approuver le niveau de connaissance.

De ces deux réalités nous réalisons que quelques soient vos aptitudes, il y a des connaissances que vous ne devez pas acquérir ou que vous n’êtes pas supposé avoir acquis si vous n’êtes pas à un niveau défini par l’école (Master, Licence, Doctorat, …) et hors de son périmètre, ce qui par ricochet fait du diplôme  »l’unité de mesure » de la connaissance et de l’école la machine à connaissance. Une réalité bien triste qui est loin de prendre en compte les exigences actuelles.

Le déphasage entre le niveau de connaissance attesté par l’école à travers le diplôme et le niveau de connaissance exigé sur le marché de l’emploi pour le même diplôme remet en cause la conception que nous avons de l’expression finir ses études.

Pour s’en rendre compte il suffit de comparer le niveau de connaissance actuel pour un diplôme donné au niveau de connaissance dix ans en arrière pour le même diplôme. De cette comparaison il semble totalement impossible de perdre de vue le niveau de connaissance de plus en plus en baisse face à un marché de l’emploi de plus en plus exigeant. La nature ou le type de connaissance, les modalités de sa transmission et son évaluation sont entre autres les points névralgiques qui n’échappent presque plus au débat sur le système éducatif.

L’attachement au diplôme caractérisé par une accumulation de diplôme, une valorisation des institutions au détriment de la connaissance permet de considérer que beaucoup d’étudiants africains ne finissent pas leur étude. Ceci dans la mesure où diplôme et connaissance ne font pas absolument bon ménage.

D’un point de vue pratique, finir ses études se résume à la simple satisfaction que l’on ressent après une formation et qui nous fait dégager une ferme assurance que nous possédons les clés du marché de l’emploi. « Astuce de recruteurs », une communauté numérique de recruteurs rapporte qu’un étudiant après un entretien d’embauche a laissé entendre que s’il n’était pas recruté à l’issue de cet entretien, ce serait la preuve que le management de l’entreprise n’est pas compétent. Une telle assurance est ce que nous pourrions considérer dans le cadre de cette petite réflexion pour mieux définir ce que recouvre le concept finir ses études.

L’attachement au diplôme est donc la raison principale qui permet d’expliquer pourquoi beaucoup d’étudiants ne finissent pas leur études. Pour faire face à la prolifération des diplômes, la tendance des recruteurs à voir au delà du papier rend la tâche de plus en plus difficile pour les étudiants et jeunes chercheurs d’emploi. Recrutement par cooptation, recrutement sur recommandation, nouveaux critères de sélection de plus en plus rigoureux sont donc entre autres les nouvelles dispositions des recruteurs pour sortir la crème de la crème.

Le déséquilibre du marché de l’emploi et le nombre d’étudiants qui sortent chaque année du système éducatif obligent de repenser la notion de faire ses études et celle de finir ses études. Le type de connaissance, sa transmission et sa mesure constituent des variables significatives pour poser la question du dynamisme du système éducatif. Finir ses études est une chose et finir ses études dans un système éducatif adapté au contexte en est une autre. Pour s’en rendre à l’évidence un rapprochement du système éducatif anglophone au système éducatif francophone serait un bel exemple.

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